Chaque année, des milliers d’enfants entrent en contact avec le système judiciaire. Les raisons peuvent être diverses : ils peuvent être impliqués dans des procédures de justice pénale dû à des conflits avec la loi, ou parce qu’ils ont été témoins ou sont devenus des victimes de délits ou une combinaison des deux. Souvent ces enfants font face à des violations des droits de l’homme, notamment concernant leur éducation et l’accès au service de santé, lorsqu’ils sont incarcérés ou détenus. Ainsi il est primordial d’adopter une approche adaptée à l’enfant dans le système judiciaire pour s’assurer que l’intérêt supérieur de l’enfant soit pris en compte ainsi que les perspectives d‘avenir.

Combien d’enfants sont impliqués dans le système judiciaire au niveau mondial ?
En 2020, une estimation de 261,200 enfants seraient détenus dans le monde tous les jours. Basés sur les données disponibles, l’Amérique du Nord a le plus haut taux régional d’enfants en détention avec 137 pour 100 000 enfants. L’Amérique Latine et les Caraïbes ont respectivement le plus grand nombre d’enfants en détention ainsi que le deuxième plus haut taux d’enfants en détention de 77 pour 100 000 enfants. L’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale ont le plus bas taux d’enfants en détention de l’ordre de 8 pour 100 000 enfants (UNICEF, 2021).
En outre, ces chiffres ne prennent pas en compte qu’approximativement un million d’enfants sont en garde à vue et même un plus haut nombre d’entre eux privés de liberté de facto dans des institutions (UN Global Study, 2019). Il y a de nombreuses circonstances pour lesquelles les enfants sont privés de leur liberté. En particulier, les Etats comptent souvent sur des politiques répressives et punitives qui mènent à une criminalisation excessive.
Des comportements typiques de l’enfance sont criminalisés comme délits d’état/troubles à l’ordre public comme l’absentéisme, les fugues du domicile familial, la désobéissance, la consommation d’alcool des mineurs, les activités sexuelles consenties entre adolescents, les comportements perturbateurs et les pratiques contre les traditions et la morale (UN Global Study, 2019). Dans beaucoup d’instances, ces enfants sont placés en détention administrative qui ne résulte pas d’une décision judiciaire ou d’un tribunal (UNICEF, 2021).
Les conditions d’incarcération et de détention
Les enfants en conflit avec la loi peuvent être détenus en garde à vue, en détention provisoire préventive et en prison. La garde à vue est une procédure de détention administrative utilisée par les forces de police avec un enfant suspecté d’avoir commis un acte délictueux avant (éventuellement) d’accuser cet enfant avec un délit. La détention préventive connue aussi comme la détention provisoire est la procédure de détention d’un enfant qui a été arrêté et accusé d’un délit mais qui n’a pas encore été jugé par une décision d’une procédure judiciaire du tribunal.
Ainsi cela peut faire référence à un confinement de l’enfant pendant un procès mais avant que le jugement et la sentence ne soient prononcés. La peine de prison fait référence à la détention d’un enfant qui a été jugé pour un délit et a reçu la notification de la décision lors d’un procès judicaire officiel comme en procédure de jugement ou d’un tribunal (UNICEF, 2021).
L’article 37 sur la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) affirme que les enfants peuvent être détenus ou emprisonnés seulement comme mesure de dernier ressort et pour la période de temps la plus appropriée et la plus courte. En aucun cas les enfants ne doivent être traités de manière cruelle ou blessante.
L’article précise que les enfants dans les services de détention ou d’incarcération devraient être séparés des adultes, à moins que cela ne soit pas dans l’intérêt de l’enfant. Il garantit aussi aux enfants le droit de solliciter l’accès à une assistance juridique et de remettre en question la légalité de la détention devant une autorité impartiale (UNICEF, 2021).
Néanmoins, la législation et la pratique permettant l’emprisonnement à vie sans la possibilité d’en sortir ainsi que la peine capitale et les punitions corporelles persistent. Les condamnations à vie pour les enfants restent légales dans 68 Etats, spécialement en Afrique, en Asie, les Caraïbes et l’Océanie.
Dans les 110 Etats et territoires qui n’ont pas de condamnation à vie pour les enfants, la condamnation maximum s’étend de 3 à 50 ans. Dans certains cas, les enfants ont été condamnés à la prison pour plus de 25 ans. De telles condamnations longues à la prison violent l’énoncé requis légal de la « plus courte période de temps » sous l’article 37 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) (UN Global Study, 2019).
De plus, selon l’Etude Globale de 2019 des Nations Unies sur les Enfants Privés de Liberté, les enfants dans le monde se voient encore privés de liberté dans des établissements de détention. Ils se voient refuser le soin familial et l’accès à la justice et souvent ils sont incapables de contester la légalité de leur détention.
De plus, ces enfants sont exposés à des violations des droits de l’homme et ils endurent des conditions cruelles, inhumaines et dégradantes. En plus de cela ils se voient refuser l’accès au droit à l’éducation et les soins de santé et ne bénéficient pas de réhabilitation adaptée et au long terme et à un soutien à la réinsertion (UNICEF, 2021).
L’impact de la détention sur le développement de l’enfant
La détention et l’incarcération ont des effets destructeurs sur le développement de l’enfant tant sur le plan physique qu’émotionnel et mental que sur les opportunités d’accès à l’éducation.
L’impact sur la santé

La recherche indique que la santé mentale et les besoins psychosociaux des mineurs sont affectés négativement par la privation de liberté. Les adolescents en détention font face de façon disproportionnée à une plus grande morbidité et une plus grande mortalité comparée à la population générale. Il a été montré que la détention des jeunes délinquants mène à des conséquences négatives sur le comportement et la santé mentale, incluant l’implication continue dans des comportements incriminés et le contact avec le système judiciaire (UNICEF, 2021).
Beaucoup d’enfants privés de liberté font l’expérience du stress post-traumatique, spécifiquement ceux en confinement isolé. L’abus ou la négligence pendant la détention souvent produit ou compose des problèmes mentaux et cognitifs, comme l’anxiété, la dépression, des retards de développement et même la régression au niveau du langage.
Dans certains cas, des désordres psychiatriques chez les enfants peuvent se développer pendant la détention, en comparaison avec leur santé mentale avant la détention. Il y a une corrélation entre la privation de liberté et les taux élevés de décès précoces d’enfants dans ces structures en comparaison avec leurs pairs de communauté, le plus souvent dû à des overdoses de drogues, des suicides, des blessures et des violences (UN Global Study, 2019).
L’impact sur l’éducation
L’éducation est souvent perturbée pour les enfants détenus, spécialement ceux qui sont dans des pays à faible revenu ou à revenu moyen, renforçant les effets négatifs persistants de la détention. Il est aussi prouvé que les expériences d’enfants détenus accroissent l’exposition à des gangs et à la violence, exacerbant les facteurs de risque qui contribuent à empirer le fonctionnement en santé et sur le plan social tout au long de leur vie. De plus, les expériences d’arrestation arbitraires et les détentions ont montré que cela a des impacts négatifs additionnels sur le bien-être physique, mental et social (UNICEF, 2021).
Les différents rôles dans le système judiciaire
Un système de justice pénale efficace, efficient et équitable respecte les droits des victimes, des témoins de crimes ainsi que les droits des suspects/prévenus et des personnes condamnées pour délinquance (UNODC, 2015).
Les enfants devraient être traités de façon appropriée selon leur âge et leurs besoins. Les pratiques et les processus doivent être ajustés pour leur être adaptés, du moment qu’ils sont informés de leurs droits, à lorsqu’ils sont interrogés et comment ils s’impliquent dans leur procès. Cela inclut ainsi le soutien des membres de la famille pendant tout le procès, s’assurant que la vie privée des enfants est protégée (FRA, 2022).
Les victimes et les témoins
Le système judiciaire se focalise sur le besoin de prévention de la victimisation et sur le fait d’assister et protéger les victimes et les témoins. Il les traite avec dignité et compassion et sans discrimination et permet leur participation dans la procédure de justice.
C’est particulièrement crucial pour les personnes vulnérables, comme les enfants, soit à travers leurs caractéristiques personnelles soit à travers les circonstances du crime. Par conséquent, les victimes enfants et les témoins enfants devraient avoir leurs droits confirmés et recevoir des mesures adaptées à leurs besoins et à leurs situations spécifiques toujours en considérant leurs intérêts supérieurs (UNODC, 2015).
Dans la pratique actuelle, les enfants victimes et témoins sont fréquemment considérés comme la « partie oubliée » dans les systèmes judicaires pénaux et sont souvent même revictimisés par le système lui-même. Ils ne sont pas souvent autorisés à participer pleinement au processus de justice ni dans les décisions qui les affectent et ils ne reçoivent pas toujours l’assistance, le soutien, et la protection auxquels ils ont droit. La réparation pour le dommage dont les enfants ont souffert comme un résultat de la victimisation est souvent indisponible (UNODC, 2015).
Les enfants accusés ou suspectés d’avoir commis un crime et les auteurs
Chaque enfant a le droit d’être protégé même s’il est accusé ou suspecté d’avoir commis un crime. Les principes de base de la justice s’appliquent aux adultes comme aux enfants. Mais la réalité est très différente.
Trop souvent, les enfants qui sont des personnes suspectées ou accusées dans des procédures criminelles font face à des obstacles particuliers. Ils sont traités médiocrement, manquent d’accès à de l’information compréhensive et reçoivent seulement un soutien juridique limité. Ils sont perçus et traités comme des jeunes adultes, et non comme des enfants (FRA, 2022).
En outre, la privation de liberté devrait être utilisée en dernier recours, et d’autres mesures devraient prendre la priorité. Cela inclut les restrictions des déplacements et à résidence ; les restrictions sur les contacts personnels ; les obligations de rapport ; la participation dans des programmes éducatifs ; ou, avec le consentement de l’enfant, la participation à des programmes thérapeutiques ou sur l’addiction. La décision d’imposer la détention devrait être justifiée et prise sans délai indu.
Cela devrait être sujet à une révision judiciaire et périodique automatiquement, ou quand les enfants et leurs avocats contestent la décision. De plus les enfants devraient être privés de leur liberté pour la période de temps la plus courte possible, considérant leur situation et les circonstances du cas. La détention devrait être seulement utilisée pour éduquer les enfants, les protéger et les aider à être réintégrés avec succès dans la société (FRA, 2022).
La perception du système judiciaire par les enfants
Le premier contact avec le système judicaire est un moment traumatisant pour un enfant, ce qui peut apporter des émotions intenses, incluant celles qui sont négatives comme la peur, l’anxiété, le sentiment d’insécurité et la colère. Au tout début, l’enfant est en général amené dans un endroit qu’il /elle ne connait pas sans aucune explication appropriée, à propos d’où il est, pourquoi et qui sont les personnes auxquelles il est confronté.
« J’avais l’impression d’être dans un tunnel, je ne savais pas ce qui était en train de m’arriver…Il y avait tellement de grandes personnes qui ne m’ont pas expliqué ce qui se passait et pourquoi je ne pouvais plus être avec eux…Dans la communauté ils ont pris mon téléphone et je ne pouvais appeler personne. J’étais affligé…. Je voyais tout en noir et je ressentais beaucoup de colère, parce que je n’avais pas choisi ce parcours de vie.je me sentais perdu, seul et effrayé, soudainement catapulté dans le monde des adultes. »
– Save the Children, 2022
Durant les auditions la formalité du tribunal peut être un obstacle aux yeux de l’enfant ce qui pourrait l’empêcher d’exprimer ses vues d’une manière pouvant l’affecter.
« Quand j’arrivais là pour la première fois le tribunal ressemblait à un rhinocéros avec son apparence imposante et austère incitant à la peur. A l’intérieur, en fait, c’est difficile de trouver des endroits appropriés ou tu peux être entendu. Pendant l’audience tu peux te trouver dans une pièce dans laquelle des étrangers vont et viennent, pendant que tu es en train de parler de ta propre affaire .»
– Save the Children, 2022
Toutes les personnes qui font partie du système judiciaire (juges, travailleurs sociaux, gardiens, carrières spécialisées, avocats, officiers de police judiciaire, employés de services sociaux et de santé et éducateurs) doivent savoir comment se présenter auprès des enfants comme des personnes dont les enfants peuvent avoir confiance.
« Ils ne me prenaient pas vraiment en considération. Le juge m’a interrogé sur mes bonnes résolutions pour le futur, alors que j’aurai aimé de sa part qu’il me demande d’abord comment je me sentais à ce moment-là.»
– Save the Children, 2022
Travailler avec des enfants dans le champ de la justice signifie adapter le registre de langue selon l’enfant afin de lui /la faire prendre conscience de ce qui a été décidé pour lui/elle. L’enfant n’est pas une partie silencieuse au procès. Au contraire l’enfant est l’acteur du procès et toute décision est prise dans son intérêt. Le droit de participation doit être respecté à chaque étape du procès, et dans chaque décision affectant l’enfant, sans aucune exception.
Les enfants porteurs d’un handicap ou d’une invalidité
Les enfants avec une invalidité/un handicap sont surreprésentés de façon significative en détention dans le système judiciaire et les institutions. On estime qu’un enfant sur 3 en institution a un handicap. La stigmatisation et les idées fausses sont souvent à la racine du problème. Les enfants porteurs de handicap sont privés de liberté pour accéder à des services comme l’éducation, les soins de santé ou la réhabilitation sociale qui pouvaient être facilement disponibles dans la vie normale.
Les familles manquent souvent de soutien social et financier des institutions. Ils ne sont pas en mesure de fournir le soin nécessaire pour leurs enfants ou pour leur donner les moyens de faire face avec le soutien à fournir 24 h sur 24 (UN Global Study, 2019).
De plus, ces enfants expérimentent des formes uniques et spécifiques de privation de liberté liées à leur handicap. Sur la base de l’existence de la présomption d’avoir une déficience ces enfants sont systématiquement placés en institution, involontairement placés dans des services impliqués dans la santé mentale, détenus dans des services légaux et/ ou maintenus à la maison et d’autres endroits de la famille souvent dans des conditions déplorables.
Les enfants porteurs de handicap privés de liberté sont exposés à des risques très élevés de violence, d’abus et d’exploitation, ce qui pourrait constituer de la torture ou d’autres formes de mauvais traitement, incluant le fait d’être restreint, enchainé, isolé et /ou frappé par le personnel comme une forme de contrôle et/ou de punition. (UN Global Study, 2019).
La problématique du genre

Les données collectées pour l’étude indiquent des disparités significatives de genre, parmi les enfants privés de liberté. Dans l’ensemble, il y a bien plus des garçons privés de liberté dans le monde que de filles. Dans l’administration de la justice et dans le contexte de conflits armés et de sécurité nationale, 94 % de tous les enfants détenus sont des garçons ; dans la détention de migration, le pourcentage est de 67 % et dans les institutions c’est 56 %. Le nombre de garçons et de filles qui vivent avec le principal soignant (presque exclusivement les mères) en prison est similaire. (UN Global Study, 2019).
En comparaison avec le taux global de criminalité pour les enfants, les données rassemblées pour l’étude montrent une tendance des systèmes judiciaires des enfants à appliquer des mesures diversifiées aux filles plutôt qu’aux garçons. Alors qu’approximativement 1/3 de tous les actes délictueux dans le monde commis par des enfants sont attribués à des filles, seulement 6 % reçoivent une peine de prison (UN Global Study, 2019).
Il y a plusieurs raisons à ce phénomène. De façon plus notable, les filles habituellement commettent moins de délits violents et sont plus souvent accusées de « délits d’état » (Atteintes/troubles à l’ordre public).
Les filles sont généralement des délinquantes pour la première fois et plus réceptives à l’effet dissuasif de l’incarcération. Une autre explication est l’attitude « chevaleresque et paternaliste » de beaucoup de juges masculins et de procureurs dans le système judicaire de l’enfant qui affirment, selon les stéréotypes de genre traditionnels, que les filles ont plus besoin de protection que les garçons (UN Global Study, 2019).
Alors que les garçons sont surreprésentés en détention, les filles souffrent souvent de discrimination basée sur le genre. La recherche montre que les filles sont plus susceptibles d’être arrêtées pour atteintes à l’ordre public pour le comportement plutôt que pour une activité criminelle avérée, ce qui inclut les activités sexuelles, l’absentéisme et la fugue du domicile familial.
Les filles vivant dans la rue sont particulièrement vulnérables, comme elles sont souvent arrêtées pour prostitution. Si l’Etat criminalise l’avortement, les filles risquent la prison, même si la grossesse résulte d’un viol.
Les filles de familles pauvres encourent un risque plus élevé d’institutionnalisation et de prison, comme elles manquent d’accès à des structures de soutien. En détention les filles sont particulièrement vulnérables à des violences sexuelles et à d’autres formes de violence (UN Global Study, 2019).
Presque la moitié de la population mondiale vit dans les 70 états où il existe des lois qui criminalisent le comportement basé sur l’orientation sexuelle.
Les enfants appartenant à la communauté LGBTI (lesbienne gay bisexuel transgenre et intersexe) ont plus de risques d’être arrêtés et détenus pour troubles à l’ordre public, en particulier pour une activité sexuelle et l’expression de leur orientation sexuelle et l’identité de genre. Les enfants LGBTI sont surreprésentés dans les services de justice de l’enfance et les institutions relatives à la santé. Ils sont habituellement placés dans des établissements de détention inappropriés au genre et sont particulièrement vulnérables à des violences sexuelles et d’autres formes de violence (UN Global Study, 2019).
Les disparités ethniques et économiques
Les enfants en conflit avec la loi viennent habituellement de milieux socio-économiques « particuliers ». Beaucoup d’entre eux entrent dans le système judiciaire pénal comme un résultat de lacunes des services de l’Etat- providence et des services sociaux.
La pauvreté est aussi associée avec la criminalité accrue et les peines de prison prononcées envers les enfants. La criminalisation disproportionnée des enfants dans les rues est due largement à des troubles d’ordre public (comme la mendicité, la consommation d’alcool, l’absentéisme ou la fugue du foyer familial), les délits mineurs (petits vols) et l’exploitation (comme l’exploitation sexuelle commerciale et les délits relatifs à la drogue) (UNICEF, 2021).
Il est donc crucial de mettre en œuvre des réponses multisectorielles adaptées aux circonstances individuelles de l’enfant. Ces réponses devraient avoir pour but de fournir une protection adéquate et un soutien à ces enfants à travers la justice et les systèmes de protection de l’enfant plus poussés et d’autres systèmes alliés comme l’éducation, la protection de la santé et la protection sociale.
Le cadre légal et la justice adaptée aux enfants
Les enfants en conflit avec la loi -accusés ou reconnus comme ayant commis un délit- se voient garantir la protection et les droits de l’homme fondamentaux à travers plusieurs instruments internationaux et régionaux, concernés par la justice de l’enfance. (UNICEF, 2021).
Les standards internationaux mettent l’accent sur le fait que les enfants doivent être traités d’une manière qui protège leur dignité et leur valeur. Le contournement des procédures formelles devrait être l’option de prédilection, et la détention devrait seulement être utilisée en dernier ressort et pour la période la plus courte possible. En outre, les enfants devraient avoir accès à un avocat si les procédures judiciaires sont inévitables, ils devraient se voir garantir un jugement équitable et de manière accélérée (UN, Justice pour les Enfants, n.d ; UNICEF, 2021).
Les efforts pour mettre en pratique les principes de justice centrés sur l’enfant ont d’aussi loin concerné la phase de décision préalable, i.e. le temps pour l’enfant d’être entendu et de participer dans la procédure le ou la concernant. Alors que c’est incroyablement évident que le point de vue de l’enfant doit être considéré, spécialement par un juge, la question de comment, par qui et si oui ou non les décisions doivent être communiquées directement à l’enfant, est encore en débat.
Ces récentes années, au Royaume Uni, comme dans d’autres Etats européens, il y a eu plusieurs décisions de justice qui ont montré comment adopter une approche centrée sur l’enfant, basée sur comment les décisions sont communiquées à l’enfant (Save the Children, 2022). Parmi le plus significatif (dû à son caractère non conventionnel) il y a sans nul doute « la lettre à une jeune personne » (2017-EWFC-48) par Sir Peter Jackson qui a été considérée comme un exemple de l’application pratique du principe de « bienveillant » et de justice adaptée aux enfants.
Comme l’énonce le titre, c’est une mesure écrite sous une forme de lettre de la longueur d’une page adressée directement au mineur, ce qui éclaire dans des termes compréhensibles la loi actuelle, le rôle du juge, les aspects qui ont été considérés pour en arriver à la condamnation et la décision de justice elle-même (Save the Children, 2022).
« C’est important qu’ils apprennent à comprendre nos raisons. Je ne voulais pas avoir l’impression d’avoir été mené en balade.je ne comprenais pas ce que la mesure disait. La chose importante n’est pas seulement de lire, mais que quelqu’un m’aide à comprendre. C’est ma vie dont il s’agit après tout.»
– Save the Children, 2022
L’amélioration de la situation dans le système judiciaire
Comprendre le statut actuel de la justice pour les enfants est essentiel pour attirer l’attention sur des mesures immédiates et à long terme qui ont besoin d’être mises en place pour empêcher les délits des mineurs et s’assurer que les droits des enfants dans le conflit avec la loi soient respectés, incluant leur sécurité et leur bien- être.

La collecte de données
Il est important de collecter des données actuelles et fiables sur l’importance et les caractéristiques de base de cette population. Les données sont cruciales pour informer les politiques et les programmes au niveau du pays et de s’assurer que les standards mis en place à l’international au niveau régional et national soient confirmés (UNICEF, 2021).
D’un autre coté l’estimation des enfants en détention peut guider les gouvernements ou focaliser la justice juvénile et les réformes de protection de l’enfance, incluant les efforts pour standardiser les indicateurs et renforcer le système d’enregistrement administratif tout en gardant aussi pour promouvoir et fournir des mesures alternatives à l’emprisonnement (UNICEF, 2021).
La prise de conscience
Les systèmes judiciaires adaptés aux enfants agissent dans l’intérêt supérieur de l’enfant et prennent en compte l’âge de l’enfant et son stade de développement. Cela inclut non seulement les processus et la procédure qui sont adaptés aux enfants et sensibles au genre mais aussi la coopération entre la justice, la protection de l’enfance et les systèmes alliés pour répondre à la violence, aux abus et à l’exploitation des enfants. Pour accomplir de tels systèmes cela requière des investissements dans la prise de conscience croissante des droits de l’enfant, légaux et la fourniture d’aide juridique de représentation et des services pour les enfants, en particulier ceux impliqués dans la justice et le système de l’Etat- providence (UNICEF, 2021).
La prévention
Le système de justice n’est pas basé seulement sur la réponse à un délit ou un crime mais aussi sur la prévention. Prioriser la prévention et l’intervention précoce aux délits d’enfants- incluant à travers le système de protection de l’enfant l’engagement de la société et des liens plus forts avec les services alliés- est un élément-clef.
La promotion des approches de la justice réparatrice, le programme de déjudiciarisation et l’intégration de la santé mentale et le soutien psychosocial à travers le système judicaire pour les mineurs sont des outils importants pour mieux correspondre aux besoins des enfants. En particulier, les enfants dans les rues et les jeunes expérimentant le fait d’être sans domicile fixe ont besoin d’être pris en compte de façon prioritaire afin que chaque enfant dans le conflit avec la loi puisse être détourné du système judiciaire (UNICEF, 2021).
Les réformes légales
Mettre fin à la détention des enfants en conflit avec la loi requière aussi des réformes légales (incluant l’âge minimum pour la responsabilité pénale), la provision de services de protection de l’enfance l’utilisation de mesures alternatives à la prison et les approches thérapeutiques, l’élimination des traitements inhumains et dégradants et les conditions et le renforcement de soutien à la réintégration après la relaxe.
Les tribunaux spécialisés dans les enfants sont un élément important, mais ainsi l’investissement est augmenté dans la justice transitoire traditionnelle/ informelle et l’alternative aux mécanismes de résolution du différend pour s’assurer qu’ils sont adaptés aux enfants et répondre aux questions de genre, et fournissent des solutions appropriées à la violation des droits des enfants vers la protection (UNICEF, 2021).
Rédigé par Arianna Braga
Correction interne par Aditi Partha
Traduit par Louisa Bricard
Relecture par Jeanne-Marie Quashie
Dernière mise à jour le 24 juin 2024
Bibliographie :
FRA (2022). Children as suspects or accused persons in criminal proceedings. Procedural safeguards. Retrieved from the European Union Agency for Fundamental Rights at https://fra.europa.eu/sites/default/files/fra_uploads/fra-2022-children-procedural-safeguards_en.pdf, accessed on 26 May 2024.
Save the Children (2022). Justice Youthopia. Letter to a judge. Retrieved from Save the Children at https://s3-www.savethechildren.it/public/files/Youthopia_Lettera-a-un-giudice_EN(1).pdf, accessed on 26 May 2024.
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